Par ZHOU MI
En 2022,la reprise économique mondiale fait encore face à des défis énormes.Selon les prévisions du Fonds monétaire international,le taux de croissance des économies développées et celui des pays en développement diminuera respectivement de 0,7 et de 1,3 point de pourcentage par rapport à l’année dernière,et la croissance du volume des échanges pourrait chuter jusqu’à 3 points de pourcentage.
Dans le contexte pandémique,un mécanisme économique et commercial relativement stable,raisonnable et efficace est sans aucun doute une condition cruciale pour stimuler la reprise.Le Partenariat régional économique global (RCEP),entré en vigueur le 1erjanvier,pourrait jouer ce r?le important en raison de l’énorme taille économique et du potentiel de développement de ses membres.
Le RCEP compte quinze membres,à savoir les dix états membres de l’Association des nations d’Asie du Sud-Est (ASEAN),la Chine,le Japon,la République de Corée,l’Australie et la Nouvelle-Zélande.En 2020,le PIB des pays de l’ASEAN (près de 3 000 milliards de dollars) et celui des autres membres du RCEP (25 900 milliards de dollars) représentaient 30,2 % de l’économie mondiale.L’entrée en vigueur de cet accord pourra générer des effets d’échelle plus importants.
En 2020,tous les membres de l’ASEAN,à l’exception du Viet-Nam et de Brunei,ont vu leur PIB chuter en raison de la baisse significative de la demande régionale et intérieure.Grace à de bonnes perspectives de coopération mutuellement bénéfique et à un engagement clair en faveur d’une baisse généralisée des droits de douane,le RCEP offrira un marché colossal avec une demande solide,ce qui pourra atténuer l’impact de la faiblesse des marchés locaux sur la capacité de production des entreprises,tout en offrant aux entreprises la possibilité d’une montée en gamme pour leurs produits en raison de la différenciation de la demande.
En outre,les efforts des membres du RCEP pour faire entrer en vigueur comme prévu l’accord envoient un signal fort au monde,à savoir qu’ils s’opposent à l’unilatéralisme et au protectionnisme,et qu’ils sont partisans du libre-échange et du multilatéralisme commercial.
Les statistiques officielles montrent qu’au cours des onze premiers mois de 2021,les échanges commerciaux de la Chine avec les autres membres du RCEP ont totalisé 10 960 milliards de yuans,représentant 31 % du total de son commerce extérieur.Après l’entrée en vigueur de l’accord,l’outillage mécanique,les produits en plastique,les machines et équipements électriques que la Chine importe,ainsi que les textiles,les bagages,les produits en plastique et d’autres produits que la Chine exporte,conna?tront une réduction des droits de douane,ce qui stimulera les échanges entre pays membres dans divers domaines et relancera leur développement économique.
Les cha?nes d’approvisionnement mondiales continuent d’être soumises à des tensions en raison du protectionnisme commercial et de la pandémie.Toutefois,la diminution de l’offre globale n’est pas le principal responsable de ces tensions,la cause majeure étant l’intervention excessive des gouvernements de quelques pays sur les marchés.Le chacun pour soi nuit à la continuité des échanges commerciaux et les entreprises prennent des décisions à court terme par crainte de rupture des cha?nes d’approvisionnement,ce qui exacerbe à son tour leur instabilité.
Le niveau d’ouverture dans le cadre du RCEP en matière de commerce des marchandises,d’investissement dans les services et de règles est supérieur à l’engagement de la Chine dans le cadre de l’OMC.En ce qui concerne le commerce des marchandises,plus de 65 % des échanges de la Chine avec l’ASEAN,l’Australie et la Nouvelle-Zélande sont en franchise de droits de douane,et d’ici une décennie,le RCEP éliminera 90 % des droits de douane entre pays membres.En matière d’investissement,les pays signataires ont adopté des listes négatives pour remplir leurs engagements relatifs à l’ouverture des secteurs autres que le secteur des services.Quant aux réglementations,en plus d’inclure l’e-commerce,les marchés publics et la concurrence dans les règles commerciales,ils se sont engagés à mieux protéger les droits de propriété intellectuelle.
Le RCEP devrait devenir une plateforme importante pour optimiser et restructurer des cha?nes d’approvisionnement régionales.Les règles d’origine cumulatives communes qui couvrent les quinze pays permettront aux entreprises de bénéficier de droits de douane préférentiels et de réduire les barrières non tarifaires.Avec des perspectives de développement stables,les entreprises seront en mesure d’élaborer des projets d’investissement et de production plus rationnels.En retour,l’impact négatif de l’écart entre l’offre et la demande sur les cha?nes d’approvisionnement sera atténué,et les fluctuations des prix des marchandises,ralenties,de manière à former un modèle de développement coordonné plus efficace.Les membres du RCEP pourront également partager des informations sur l’offre et la demande,réduire le temps et les co?ts consacrés au dédouanement,et fournir un meilleur soutien aux infrastructures logistiques.
Les membres disposent d’avantages industriels spécifiques :certains sont des exportateurs de ressources énergétiques et naturelles,d’autres possèdent de fortes capacités de fabrication,et d’autres encore bénéficient d’un grand marché de consommation.Dans le cadre du RCEP,les membres ne suivent pas un modèle d’ouverture uniforme en fonction d’un critère unique :ils veulent parvenir à un développement équilibré et de qualité en s’ouvrant de la manière qui leur convient.Le RCEP créera un environnement institutionnel plus favorable et unifié pour la coopération entre les entreprises des pays membres.
Le commerce numérique conna?t un essor significatif depuis le début de la pandémie.Tout en encourageant les activités innovantes en matière d’e-commerce,le RCEP respecte lesdroits de chaque partie prenante à atteindre des objectifs fixés par les politiques publiques qui sont légitimes et nécessaires,et à protéger ses intérêts fondamentaux en termes de sécurité.Les clauses d’exception sont prévues pour assurer les droits et intérêts des états membres à cet égard.
Afin de faciliter les échanges numériques et la numérisation des échanges,les entreprises seront soumises à des réglementations plus cohérentes qui leur permettront de rechercher,voire de créer un mode de développement plus rentable.Les expériences historiques montrent que le commerce de services se développe plus rapidement que celui de marchandises.Dans le cadre du RCEP,prestataires et destinataires de services bénéficieront du développement du commerce des services.
Seul un accord libre-échange adapté au niveau de développement et aux besoins économiques et commerciaux des pays membres permet aux entités du marché de libérer leur potentiel.Le RCEP conna?t déjà des améliorations et des perfectionnements depuis la conclusion des négociations.Dans un délai de six ans à compter de l’entrée en vigueur de l’accord,les pays membres s’engagent à remplacer les listes positives actuelles sur le commerce de services par des listes négatives.
Le RCEP n’est pas exclusif :tous les pays ou territoires douaniers indépendants en accord avec les principes fondamentaux du RCEP et qui veulent jouir du développement en s’ouvrant au monde sont invités à demander leur adhésion en vertu des procédures requises à compter du 1erjuillet 2023.