D’un petit village tibétain à une lointaine ?le africaine, le thé chinois ne conna?t pas de frontières par Xia Yuanyuan
Culture et société
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D’un petit village tibétain à une lointaine ?le africaine, le thé chinois ne conna?t pas de frontières par Xia Yuanyuan
Que ce soit en Chine ou dans les pays d’Afrique, le thé est une fa?on pour des personnes de régions, couleurs de peau, nationalités et éducations culturelles différentes de se connecter à un niveau spirituel plus profond. Il permet de briser la barrière de la langue.
Wang Fei, envoyée spéciale pour la promotion du thé tibétain de la province du Sichuan.
Wang Fei accomplit la cérémonie du thé sur une plage ensoleillée de l’?le Maurice.
SUR les rivages ensoleillés de l’?le Maurice,
devant des eaux cristallines et sous un ciel d’azur, une scène unique se déroule. Vêtue d’une robe traditionnelle chinoise en soie rouge, une jeune femme exécute une cérémonie traditionnelle du thé, complexe et parfaitement synchronisée.
Le public est subjugué par ses mouvements passionnés, mais toujours élégants. Ses gestes sont si fluides et si naturels, que la théière au long bec semble être une extension de son propre corps. Certains invités mauriciens semblent même se demander si c’est bien du sang qui coule dans les veines de la jeune femme… Se pourrait-il que ce soit plut?t du thé chaud et parfumé ?
Parmi les spectateurs se trouve Jacques Li Chung, le PDG de l’entreprise ChinAfrica Stage. Celui-ci raconte : ? Elle était belle à la fois dans sa maturité et sa sincérité. J’ai tout de suite été attiré lorsque j’ai vu sa performance et sa grace s’accorder parfaitement avec la musique céleste qui l’accompagnait. Tous ses mouvements avaient une telle précision ! ?
La jeune femme en question se nomme Wang Fei. à 30 ans, il s’agit d’une spécialiste de la cérémonie du thé en mission pour répandre la culture chinoise du thé à travers le monde. Celle-ci l’a menée depuis son village natal en Chine rurale jusqu’en Afrique.
Wang Fei ne sait pas si c’est elle qui a choisi le thé ou si c’est le thé qui l’a choisie. Une chose est s?re : le thé a toujours été lié à sa vie.
Wang Fei est née dans une famille de cueilleurs de thé de la ville de Ya’an dans la province du Sichuan et elle a grandi dans un environnement recouvert de plantations. La vie locale y est profondément liée aux plantations et il s’agit d’un lieu reconnu de la culture traditionnelle chinoise du thé.
? Lorsque j’étais enfant, les conditions [de vie] de ma famille n’étaient pas très bonnes. J’ai grandi dans le panier que portait ma mère sur son dos et je suivais mes parents, lorsqu’ils se rendaient dans la montagne pour cueillir le thé. C’est à cette époque que j’ai forgé un lien profond avec le thé ?, explique-t-elle à CHINAFRIQUE.
Wang Fei a étudié la cérémonie du thé à l’université et a toujours été profondément impliquée dans cet art. Elle l’a même enseigné au Lycée professionnel de la province du Sichuan, à Ya’an.
Aujourd’hui, la jeune femme poursuit sa passion à l’étranger. En 2015, elle a été nommée envoyée spéciale pour la promotion à l’étranger du thé tibétain de la province du Sichuan. Depuis, elle s’est rendue dans une dizaine de pays et a effectué plus d’une centaine d’activités culturelles de promotion du thé, jusqu’en Afrique du Sud et sur l’?le Maurice.
? Je me suis donnée pour mission de faire découvrir le thé de ma région natale à toujours plus de gens. De la même fa?on que j’aime mes parents parce qu’ils m’ont donné la vie, j’aime aussi ce thé parce qu’il m’a donné une ame ?, explique-t-elle.
Le thé tibétain a une histoire qui remonte à plus de 1 000 ans. On dit qu’il aide à digérer et à revitaliser l’énergie dans l’environnement froid et pauvre en oxygène du plateau tibétain, dont l’altitude moyenne dépasse les 4 000 mètres.
Native de la ville de Ya’an, Wang Fei espère faire conna?tre le thé de sa région natale à toujours plus de personnes.
Avec cet objectif en tête, la jeune femme a foulé le sol africain pour la première fois le 20 septembre 2015, afin de réaliser une cérémonie traditionnelle du thé appelée les ? dix-huit Dragons ?, lors de la cérémonie de cl?ture de la 21esession du World Route Development Forum, à Durban en Afrique du Sud.
La cérémonie des dix-huit Dragons est considérée comme un fossile vivant parmi les cérémonies chinoises du thé, combinant cérémonie traditionnelle, arts martiaux, danse et des éléments empruntés au bouddhisme zen. Dans cette incarnation d’une philosophie ancienne et mystérieuse, les mouvements du ma?tre du thé sont censés imiter ceux d’un dragon. ? Cette performance culturelle unique sur le thé est la mieux à même de présenter la cérémonie et la culture chinoises du thé ?, explique Wang Fei.
Au fil des années, Wang Fei a réalisé ce genre de cérémonies pour une multitude d’amoureux du thé autour du monde et ceux-ci ne s’intéressent pas seulement à la culture traditionnelle chinoise du thé, mais également au sens derrière les cérémonies.
? Que ce soit en Chine ou dans les pays d’Afrique, le thé est une fa?on pour des personnes de régions, couleurs de peau, nationalités et éducations culturelles différentes de se connecter à un niveau spirituel plus profond. Il permet de briser la barrière de la langue ?, explique-t-elle à CHINAFRIQUE.
De nombreux endroits en Afrique ont une culture du thé bien établie, mais c’est avec l’?le Maurice que Wang Fei se sent une connexion profonde et réelle.
En juin 2016, elle a été invitée sur l’?le dans le cadre d’une présentation de l’héritage culturel intangible et pour proposer une formation de douze jours aux amoureux locaux du thé. Sans une seconde d’hésitation, Wang Fei a alors fait ses bagages et a traversé l’océan Indien avec ses 60 kg de thé et sa théière à long bec.
? L’Afrique est très accueillante. J’ai senti que c’était mon destin de combiner le thé avec l’Afrique, raconte-telle. Il y a un très fort enthousiasme parmi les étudiants mauriciens pour découvrir notre thé et sa culture. ?
Lors de la formation, Wang Fei a présenté différents types de thés chinois et de cultures associées à cet art et après les cours, ses étudiants ont pu lui exprimer leur gratitude en l’amenant dans un jardin de thé local.
Parmi eux, figurait Jacques Li Chung. à 45 ans, M. Li fait partie de la troisième génération de Chinois sur l’?le Maurice et a toujours été très enclin à explorer sa culture ancestrale. ? C’est après avoir vu la cérémonie du thé de Wang Fei et participé à sa formation, que je suis vraiment tombé amoureux du thé chinois et de sa culture ?, racontet-il.
M. Li fut particulièrement captivé par le processus unique de fermentation du thé tibétain. ? De la même manière que le vin, plus l’attente est longue, meilleur est le thé ?, explique-t-il. Il est aujourd’hui également persuadé de ses propriétés bénéfiques pour la santé.
? Lorsque j’ai découvert le thé tibétain, je l’ai vraiment trouvé miraculeux. L’un de mes amis souffrait d’hypertension artérielle et d’hyperglycémie. Je lui ai fait découvrir ce thé et après quelques semaines, tous ses sympt?mes avaient disparus. ?
C’est alors qu’est née l’idée d’ouvrir un centre culturel sur le thé tibétain. Wang Fei fut le premier soutien de M. Li, et peut-être son soutien le plus enthousiaste : ? Je l’ai entièrement soutenu dans son projet et je suis prête à faire tout mon possible pour le soutenir à l’avenir ?, explique-telle.
Le 20 janvier, le Centre culturel du thé tibétain a ouvert ses portes à Port Louis, la capitale de l’?le Maurice. Le centre vend du thé tibétain authentique, mais il enseigne également à des étudiants locaux la fa?on de préparer le thé chinois, ainsi que ses avantages pour la santé.
? Le centre culturel ouvre cinq jours par semaine. Nous avons toutes sortes de gens qui viennent ici pour go?ter et acheter du thé tibétain ?, explique M. Li.
Le fait de voir que le thé tibétain de sa région natale conna?t un tel succès chez les Mauriciens donne beaucoup d’espoir à Wang Fei.
Le 4 avril de cette année se déroulait la fête de Qingming en Chine et dans la région natale de Wang Fei, les habitants s’affairaient à cueillir le thé. En effet, le thé cueilli avant la fête de Qingming est considéré comme étant de qualité supérieure.
? Le mieux, c’est que les gens puissent découvrir la culture chinoise du thé dans en environnement aussi magnifique que l’?le Maurice, explique Wang Fei. J’espère qu’il s’agira d’une première étape dans l’internationalisation du thé tibétain ! ? CA
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