Mécanisation agricole
Des agronomes chinois aident l’éthiopie à élever son niveau de mécanisation agricole par Li Xiaoyu
Les fermiers éthiopiens écoutent attentivement l’expert chinois en machinerie agricole, Liu Wenguang.
eN juillet 2016, à la demande du service agricole de la région Somali, en éthiopie, le chauffeur Mamush Mengestu, se rend dans un champ de blé de Djidjiga, capitale de la région, pour le moissonnage du blé. Celui-ci ne conduisant généralement que des voitures ordinaires, il est inquiet lorsqu’on lui demande de conduire une moissonneuse-batteuse. Toutefois, à sa grande surprise, quelques heures plus tard, grace aux explications détaillées du Chinois Liu Wenguang, il conduit l’engin avec aisance.
Spécialiste en machinerie agricole, M. Liu fait partie du deuxième groupe d’experts agricoles chinois envoyé en éthiopie depuis la tenue de la 4eConférence ministérielle du Forum sur la Coopération sino-africaine en 2009. Il arrive à Addis-Abeba en octobre 2015, avec sept autres experts spécialisés dans divers domaines (le blé, le riz, le stockage et la transformation de produits agricoles, le coton, les champignons comestibles, l’irrigation et le ver à soie), pour une mission de deux ans dans la capitale éthiopienne.
Au lendemain de leur arrivée en éthiopie, les agronomes chinois ont rendez-vous avec Tesfaye Mengsitie, directeur général du département de vulgarisation agricole du ministère éthiopien de l’Agriculture et des Ressources naturelles. Celui-ci leur explique alors les principaux aspects de leur mission dans le pays, notamment l’importance des techniques de récolte des cultures et la mécanisation agricole, deux goulots d’étranglement pour le développement agricole éthiopien. Une mission qui ne semble pas effrayer Liu Jianjun, chef de l’équipe d’experts chinois : ? Nous nous efforcerons de répondre aux besoins urgents de l’éthiopie. ?
Le teff est à la base de l’alimentation en éthiopie. Cette plante, cultivée comme céréale, est préparée sous forme de galette : l’injera. Sa production s’étend sur 30 % de la superficie nationale des cultures. à peu près 6,3 millions d’agriculteurs éthiopiens cultivent cette plante céréalière et la plupart avec des pratiques agricoles centenaires. Conséquence : un niveau de mécanisationextrêmement faible. Par ailleurs, la petite taille des graines de teff complique leur séparation de la paille et le nettoyage après la récolte. Tout cela renforce l’intensité du travail et rend difficile l’augmentation de la production et celle des revenus des agriculteurs. Un sujet épineux qui préoccupe depuis longtemps le secteur agricole du pays. ? Si l’on peut résoudre ces problèmes, cela constituera une étape majeure marquant l’histoire de l’éthiopie ?, indique Tamiru Habte, directeur du service de mécanisation agricole (SMA) du département de vulgarisation agricole.
C’est dans ce contexte qu’a été officiellement lancé en octobre 2015, par l’Académie chinoise des sciences de la mécanisation agricole (ACSMA) et le SMA, le ? Projet de développement des machines servant à semer, couper, battre et nettoyer le teff ?. Sur invitation du SMA, Liu Wenguang est chargé de mettre à l’essai les semeuses et les moissonneuses-batteuses de teff, de collecter des données et de fournir du soutien technique au développement et au perfectionnement ultérieur de ces machines. L’ACSMA projetait d’envoyer des machines agricoles en éthiopie avant la récolte de teff, pour les mettre à l’essai. Malheureusement, suite à des problèmes douaniers, celles-ci n’arrivent pas à temps. Pour ne pas retarder le projet et permettre aux partenaires chinois de lancer l’essai dès leur arrivée, le spécialiste en machinerie agricole prend l’initiative de louer une andaineuse à une entreprise chinoise installée en éthiopie et spécialisée dans la production de machines agricoles. L’équipe du projet a ainsi pu mener à bien l’essai des machines.
Nous nous efforcerons de répondre aux besoins urgents de l’éthiopie.
Liu Jianjun, chef de l’équipe d’experts agricoles chinois en éthiopie
Toutefois, la recherche et le développement des machines agricoles ne sont pas suffisants pour élever le niveau de mécanisation agricole d’un pays. Les compétences des techniciens agricoles jouent également un r?le non négligeable. Ainsi, l’équipe d’experts chinois accorde-t-elle une attention particulière à la formation du personnel technique concerné.
Liu Wenguang explique aux techniciens éthiopiens comment installer et entretenir les machines agricoles.
Le SMA prévoit de mener cette année une formation courte et une formation longue à l’échelle nationale, ciblant respectivement 47 000 et 9 000 personnes. M. Liu y participe activement, en aidant à former les techniciens en machinerie agricole. En février 2016, à la demande du SMA, il a dirigé une formation à Djidjiga et dans la zone Gode. Pour mener à bien cette mission, dès son arrivée dans la région Somali, il prend contact avec divers responsables des services agricoles, pour organiser une formation sur l’emploi des faucheuses-lieuses de sésame, destinée à une centaine de personnes, parmi lesquelles des techniciens travaillant dans les services de la zone Gode, des utilisateurs de machines agricoles et des fermiers locaux.
Au cours de la formation, M. Liu apprend qu’il y a environ 150 machines agricoles chinoises dans la région, non utilisées faute de connaissances nécessaires. Il prend alors l’initiative d’offrir son soutien pour l’utilisation et l’entretien des machines, une idée très bien accueillie par les agriculteurs. Dès son arrivée sur le terrain, il aide les techniciens à remettre en état les anciennes machines, leur fournissant également des schémas pour l’assemblage de nouvelles machines, ainsi qu’un mode d’emploi et une brochure pour des formations ultérieures.
Le travail de l’équipe d’experts n’a pas été de tout repos. Mais, à de nombreuses reprises, les agronomes chinois prouvent leur dévouement pour cette mission. En juin 2016, Luo Xueyi, spécialiste en riziculture et membre de l’équipe, doit retourner en Chine pour subir une opération chirurgicale. Pendant son congé maladie, il continue à fournir du soutien technique aux partenaires éthiopiens et s’efforce d’acquérir sept variétés de riz courantes et une variété de riz hybride pour ses homologues éthiopiens. Dès son retour en éthiopie, en plein rétablissement, il les apporte aux agronomes. Son dévouement pour la mission a été loué à l’unanimité par les partenaires locaux.
Répondre aux besoins réels de l’éthiopie, se pencher sur les moindres détails, relever le défi de la mécanisation agricole avec sagesse et courage… Voilà à la fois le bilan et les objectifs de l’équipe d’agronomes chinois en éthiopie. Leur travail assidu sera garant des succès de l’agriculture éthiopienne et de l’amitié entre la Chine et l’éthiopie. CA
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